J’ai la très grande chance d’être... un vieux bonhomme !
Oh ! Rassurez-vous je ne prononce jamais cette phrase en présence d’oreilles étrangères car mes auditeurs pourraient se demander ce qu’il y a de chanceux à collectionner des rides et des poils blancs, à devoir regarder le monde à travers des lunettes dont les verres s’alourdissent au fur et à mesure que ses forces diminuent, à entendre de moins en moins bien les chants de la vie… S’ils savaient !
Bien sûr, devenir vieux n’est un objectif pour personne…
Histoire avec “endoravissement” musical 12:00
Histoire seule 8:35
- La photo de la carte est de John Schnobrich
- L’histoire est inspirée d'une légende universelle. L’aubergiste l’a installé en Camargue
- La musique est Lost. de Alexandre DESPLAT
Cette histoire vous a plu?
Je vous propose de mettre à votre disposition l'enregistrement des histoires au format .mp3. Elles seront ainsi plus faciles à télécharger dans les voitures (oui, quelquefois c'est un peu long d'accompagner ses petits à l'école!)
Et pour vos prochaines grandes transhumances vers la Camargue, n'hésitez pas à en faire un grand chapelet pour le temps du voyage.
Lors de votre arrivée, vos petits seront calmes et déjà parfaitement intégrés dans notre univers... très atypique!
Remarque : Merci de noter que les enregistrements OFFERTS ne contiennent que l'histoire racontée par l'aubergiste... sans la musique protégée par des droits des auteurs
N'hésitez pas à me donner les prénoms de vos enfants!
La prochaine fois que j'écris une de mes petites histoires, j'en ferai les héros et... lors de votre prochaine ESCAPADE EN CAMARGUE, j'aurai la joie de la lui raconter en direct live à l'issue de la première TABLE D'HÔTE partagée.
La bonne idée !
L'histoire à raconter par les parents... ou à lire tout.e seul.e!
Demandez à vos petits d'enregistrer cette histoire en y mettant de la vie... vous aurez des surprises!
J’ai la très grande chance d’être... un vieux bonhomme !
Oh ! Rassurez-vous je ne prononce jamais cette phrase en présence d’oreilles étrangères car mes auditeurs pourraient se demander ce qu’il y a de chanceux à collectionner des rides et des poils blancs, à devoir regarder le monde à travers des lunettes dont les verres s’alourdissent au fur et à mesure que ses forces diminuent, à entendre de moins en moins bien les chants de la vie… S’ils savaient !
Bien sûr, devenir vieux n’est un objectif pour personne… et pourtant, combien d’enfants, encore de nos jours, ne connaîtront jamais le bonheur d’arriver à un âge où l’on peut, sans décevoir, s’asseoir quand on est fatigué, pleurer quand on est ému, prendre le temps de rêver, dire à une femme qu’elle est belle sans affoler une paire de biscottos… et raconter des histoires à voix douce lorsque l’on en a envie… là… maintenant… si je veux !
Et justement puisque vous m’offrez vos oreilles, laissez moi donc y glisser l’histoire du « nombril à plume » qui m’a été inspiré par Maurice Coyaud
J’ai très bien connu Basile, un vieux copain, qui n’avait pour seule fortune que des trous... des trous dans les poches, des trous dans ses vêtements, des trous dans sa maison.
Les trous dans les poches ne le gênaient absolument pas car il n’avait jamais un sous.
Les trous dans ses habits… il s’y faisait.
Mais sa maison, elle, devenait inhabitable : une piscine par temps de pluie, un réfrigérateur en hiver et un fourneau les jours de soleil... et c’est justement un jour de grande chaleur que tout à commencé.
Basile est sorti de son fourneau et s’est allongé à l’ombre de son tilleul pour prendre le frais, quand soudain un petit oiseau jaune et rouge se pose sur la plus haute des branches et se met à chanter.
Notre Basile se sent voler de plaisir et tout heureux, il appelle l’oiseau :
Hé ! l’oiseau ! Tu ne voudrais pas te poser sur mon doigt pour chanter ?
Et l’oiseau, pas farouche, se pose sur son doigt et poursuit sa belle mélodie
Basile se sent pousser des ailes, il rajeunit d’au moins 20 ans et au comble de sa joie dit à l’oiseau
Hé ! l’oiseau ! Tu ne voudrais pas te poser sur ma langue pour me laisser croire que je peux aussi chanter ?
Et cet oiseau bien gentil se pose sur la langue de Basile et continue sa chanson
Basile est transporté de bonheur, et , sur le coup de l’émotion, allez savoir s’il a respiré trop fort ou s’il a oublié de respirer… toujours est-il qu’il a … GLOUPS...avalé l’oiseau !
A peine la bouche fermé, Basile a senti une démangeaison insupportable dans le nombril. D’abord il se gratte comme un monsieur bien élevé, mais la démangeaison devient de plus en plus forte. Il se gratte comme un pouilleux, comme un fou. Il s’arrache la peau.
Il veut voir se qui lui arrive et déchire ses vieux vêtements troués pour constater qu’au beau milieu de son nombril ont poussé 3 plumes, une jaune et 2 rouges comme la queue de l’oiseau.
Affolé, il les attrape et de toutes ses forces essaye de les arracher. Mais les plumes résistent et son geste provoque une montée de bulles dans son estomac, puis dans sa gorge et enfin dans sa bouche. La pression est si forte qu’il ne peut résister à l’envie d’ouvrir les lèvres et, de sa propre bouche, retenti le chant de l’oiseau
Vous le savez, tout peut arriver dans une histoire et c’est justement ce jour-là que le roi du pays arrive dans le village et… passe justement dans sa rue ! Et quand le roi se déplace dans les villages il faut que toute la population l’accueille face contre terre, le nez dans la poussière… et si quelqu’un ose lever les yeux et croiser son regard… il lui fait couper la tête !
Le roi arrive. Tout le long de la rue, les figurent se cachent et s’élèvent des derrières. Le roi est content, il se sent puissant entouré de ses conseillers, de son armée… et de son bourreau !
Il est au comble de la satisfaction quand, tout à coup, un homme habillé de trous (avec un peu de vêtements autour) saute devant lui et le regarde avec des yeux affolés.
- COUPE-LUI la tête, hurle le roi à l’attention de son bourreau
- ATTENDEZ, pas avant de savoir ce qu’elle sait faire, dit Basile en glissant une main discrète vers son nombril
A peine a-t-il tiré sur ses trois plumes que le chant de l’oiseau jaillit comme une source d’eau pure de sa bouche. Le chant est si beau que même le roi au cœur de pierre tombe sous le charme. Il fait donner un gros sac de pièces d’or à ce bizarre bonhomme
Vous pensez bien que la première chose que Basile a fait… c’est dépenser cette fortune !
Il achète une maison si grande qu’il peut s’y perdre, des troupeaux de voitures plus rutilantes les unes que les autres, des montagnes de vêtements sans trou, qu’il jure de ne jamais laver, j’achète, je porte, je jette dit-il. Et il achète, il achète tout et n’importe quoi… une noria de transporteurs zélés livre des colis toute la sainte journée !
J’ai bien vu que Basile allait devenir fou, alors comme c’est un vieux copain, j’ai déposé entre 2 colis devant sa porte… dans un petit sac... si petit que nul ne le voit… un cadeau que seul les vieux bonshommes peuvent apprécier… une minuscule dose d’ennui !
Et depuis ce jour, quand Basile s’ennuie, il regarde son nombril, tire un peu sur ses plumes entrouvre ses lèvres et partage le chant de l’oiseau.
C’est bien la première fois, dans l’histoire de l’humanité… que se regarder le nombril a porté bonheur à quelqu’un !
“C’est par une multitude de détails que l’on transforme un moment en Camargue… en joli souvenir!”